Lucie, qui durant le premier confinement a monté un compte instagram dédié à des chroniques de lecture en vidéo, a lu En Arden, de Mathilde Hug, et en profite pour nous dire un mot de Vulves, d'Alexia Tamécylia.
En cette période difficile, il est temps de vous présenter Gorge Bleue, une maison d’édition indépendante qui nous vient de Strasbourg !Pour contester l’habituelle surpublication éditoriale, Gorge Bleue n’édite que trois titres dans l’année, et sans abus aucun : laissez-moi vous dire ô combien ils sont QUALITATIFS.
Cette année, j’ai découvert En Arden, le premier roman de Mathilde Hug, qui sera en librairie le 2 novembre ! Côté essai, l’année dernière, j’avais ADO-RÉ Vulves, que je ne peux pas me résoudre à ne pas vous présenter.
*bruit de cassette qui rembobine*
Alors, pour ce titre, il va falloir présenter les choses autrement. Si on navigue à travers l’histoire d’un seul personnage : Julie ; l’intrigue, elle, n’est pas unique. C’est-à-dire que dans la vie d’une seule personne, il y a plusieurs questionnements, plusieurs éléments perturbateurs et une toile de fond assez large pour englober pas mal de petits trucs… On est d’accord ? Le lecteur découvre alors la relation de couple de la jeune femme (mais c’est pas ça l’histoire !) ; l’envers de la mise en scène d’un chef d’œuvre théâtrale (mais c’est pas ça l’histoire !) ; ou encore, la tragédie d’un fait divers à l’origine d’émeutes dans tout Paris… Mais devinez quoi ? Bah, c’est pas ça l’histoire. L’histoire principale, c’est celle de Julie. Et l’histoire de Julie, bah c’est tout ça à la fois.
Saupoudrez le tout de réflexions féministes, d’anecdotes linguistiques et littéraires, de critiques sociétales et politiques… et vous avez En Arden. Tout ça en seulement 250 pages ? C’est possible avec un si haut niveau d’écriture !Dans ce texte, nombreuses sont les pistes de discussions amenées par l’autrice. En fait, les différentes questions ne sont pas étudiées en profondeur… mais on ne les survole pas tellement non plus, puisque c’est amené de façon très efficace. La lecture reste donc fluide, malgré la force et la résonnance des propos. Ensuite, l’exercice de la mise en abîme est manié à la perfection. Souvent, on assiste aux répétitions d’une troupe de théâtre, dont les pièces Shakespeariennes nous sont contées en prose. Le génie de Shakespeare est alors entrecoupé par les pensées de Julie ou par les directions du metteur en scène.
Forcément, ça crée un parallèle entre les événements de la pièce, les conclusions de la jeune femme quant à sa vie personnelle… et enfin, ce que nous pouvons en tirer en tant que lecteur.
Mais tout a son revers de médaille !Même si je pense que c’est incroyablement bien fait, l’abondance des idées peut toutefois perdre les lecteurs les plus avides de constance. D’autre part, ce côté un peu ‘fourre-tout’ peut ne pas plaire à tout le monde, puisqu’on est forcément moins touché par certains engagements que par d’autres.
À côté de ça, j’anticipe aussi une autre potentielle critique. Je veux parler ici du groupe d’amis de Julie, qui est une sorte de bulle d’intellectuels universitaires qui se la pètent un chouïa. Donc, dans le genre moralisateurs et étalage de connaissances, on est pas mal. Alors, personnellement, j’aimerais pas faire la fiesta avec eux tous les jours, mais lire leurs idées sur du papier, ça reste intéressant.
Et très rapidement, je voudrais en profiter pour remettre à l’honneur Vulves, qui est et restera MON COUP DE CŒUR en non-fiction ! Il s’agit d’un recueil de paroles de femmes qui partagent leurs expériences, leur rapport à la féminité, à la sexualité… ça se lit tout seul, et ça peut être une très bonne porte d’entrée vers la littérature féministe. C’est une lecture qui ne demande pas de prérequis mais qui est bourrée de bonnes références et qui est extrêmement enrichissante ! Bref, c’est LE livre que je recommande à toutes celles et ceux qui croisent ma route ! À lire, à relire et à offrir !
Voilà tout pour cet hommage somme tout particulier. Alors, si vous voulez soutenir une petite maison talentueuse, c’est sur Gorge Bleue qu’il faut miser ! Je ne connais pas encore les deux autres titres de cette année, mais vu la qualité du catalogue, je ne m’en fais pas !
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